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Ulysse,

Tu es le Compagnon, le premier, le soleil
Celui qui ajustait la flèche sans pareil
Tu traçais le sillon de notre compagnie
De ton rire éclatant à la proue du navire

Un seul mot de ta bouche était tout un trésor
Tu passais le flambeau aux jeunes comme l’or
Tu étais tout un monde et là-bas quelque part
Le capitaine Ulysse a retrouvé son phare

Mon coeur se sert si fort, que tu étais vivant !
« Impossible, comment ? tu étais un enfant ! »
Ton corps a résisté par ton vaillant esprit
Qui accueillait la vie comme on dévore un fruit.

Encore cet été debout la canne en main
Tu venais nous montrer le meilleur des chemins
Tu regrettais seulement de n’avoir notre âge
Pour que l’on puisse écrire les plus belles pages.

« Nous ne sommes pas nés dans les bonnes époques »
Me lanças-tu d’un oeil luisant sans équivoque
« Nous aurions retourné le monde » ajoutas-tu
Mon grand copain c’est vrai tu étais de ce cru

Le ciel est gris de larmes, tu étais brillant
Cette étoile là haut est-ce toi maintenant ?
Ulysse, voyageur, poète, doux rêveur
Ton nom sonne chez nous comme un accord majeur

Et désormais rions en pleurant il le faut !
On ne peut m’arracher ton souvenir si beau
Cet éclat de ton rire espiègle, ta malice,
Qui chaque été debout se tenait dans la lice ;

Des châteaux dont tu nous avais ouvert les portes
Comme un joyeux luron lançant « c’est jour de noces ! »
Rien ne te faisait peur et rares sont ici
Ceux qui ont vécu un instant comme ta vie

Tu allumais l’été au point que l’on pensait
Qu’il serait éternel, derrière tes souliers
Bon Dieu que tu vivais quand d’autres trainent tant
Jeunes par les années et si vieux au-dedans

Tu étais si heureux de nous apprendre à vivre
Par un mot savoureux adressé aux convives
Ton clin d’oeil, ton sourire en coin nous rendaient libres
« Si tu savais comme je les aimais les filles… »

Disaient tes yeux coquins qui les avaient penchées
Sous l’arbre des Charreaux quand la fraîcheur tombait
Brigand c’est maintenant que tu les fermes alors ?
Sans ta présence ici comment fêter l’aurore ?

Il le faudra pourtant mais sans toi non jamais
Nous n’abandonnerons ce que tu as tracé
Ta fille me disait que tu voulais transmettre
A tes enfants autant que tous nous pouvions l’être

Tu seras pour toujours présent au carillon
De nos coeurs jetés là-dedans à l’unisson
Avec toi dans le bois de cette humble maison
Avec toi sur les planches à jamais en ton nom

Jean-Baptiste et tes Compagnons d’Ulysse